Un mois sans supermarché: le défi vaudois!

Un mois sans supermarché? En février 2017! Lancez-vous!

Dans la ligne des petits gestes et des choix de consommation que nous faisons chaque jour, il est intéressant de réfléchir à sa manière de consommer les produits du quotidien. Rien ne vaut une mise à plat pour se rendre compte de nos réflexes. Comme celui d'aller au supermarché pour faire toutes ses courses. Nous délaissons les petits commerces, qui ferment les uns après les autres. Et nous sommes les premiers à les pleurer, car un centre ville ou un village sans petits commerces indépendants, ce n'est plus la même chose.

Alors lançons-nous un défi! Durant tout un mois, dès le 1er février, boudons les grandes surfaces. Histoire de redécouvrir les petits commerces, les artisans, les marchés de plein air et les magasins indépendants qui vendent les denrées en vrac (sans emballages). Osons le contact, posons des questions sur leur métier, leur art, leurs produits. Parions sur leur gentillesse, sur la valeur du sourire, de la chaleur de la proximité. La qualité et l'originalité des produits seront sans doute aussi au rendez-vous.

Un mois sans supermarché: les défis dans les cantons romands


Pour participer, c'est simple. Sur le réseau social Facebook, il suffit de s'inscrire sur la page "Un mois sans supermarché: le défi vaudois". L'événement a été lancé en premier pour le canton de Neuchâtel et l'idée fait des petits dans le reste de la Suisse romande:

Le défi vaudois
Le défi neuchâtelois
Le défi valaisan
Le défi genevois

Pourquoi Facebook? Pour le plaisir de l'échange d'idées, d'adresses, de recettes, de coups de main, afin d'éviter autant que l'on peut d'aller au supermarché.

Le défi est à géométrie variable. Seul compte le chemin parcouru en un mois, et la réflexion amorcée. Si on n'est pas sûr-e de pouvoir réussir à 100% parce qu'on a besoin de produits qui ne sont pas disponibles dans le petit commerce local, ce n'est pas grave. Il suffit de fixer son défi en fonction de sa famille et de sa situation. Peut-être que l'on peut seulement acheter la viande dans de vraies boucheries pendant tout un mois? Ou alors les produits laitiers? Ou les légumes et les fruits?

Pourquoi boycotter les supermarchés?


"Le supermarché, c'est pratique. On trouve tout au même endroit."
"Au supermarché, ça va plus vite."
"Au supermarché, on a plus de choix."
etc.

J'ai de gros doutes quant au gain de temps : avez-vous vraiment mesuré le temps passé pour vous rendre dans une grande surface, le plus souvent à l'extérieur de la ville? Parkings immenses, allées sans fin, cohues du samedi matin, multiples sollicitations tout au long du parcours... On ne gagne rien du tout en matière de temps.

Choix des produits? A l'heure de la mondialisation et de la standardisation, les produits sont partout pareils. Quant à la qualité... La viande de supermarché n'a rien à voir avec celle vendue par le (bon et honnête) boucher du quartier. Elle n'est pas rassie comme en boucherie, parce qu'on n'a ni le temps et l'espace pour le faire et parce que ça rapporte plus de vendre de la viande pleine d'eau...

Au supermarché, il ne faut pas trop se poser de questions éthiques. La politique de pression sur les prix imposés aux producteurs en est un des nombreux exemples. L'arrivée en Suisse des Hard discounter (lidl, aldi) y est pour quelque chose, une arrivée qui a poussé le duopole orange (migros, coop) à payer encore moins les denrées qui garnissent leurs rayons.

Tant mieux pour notre bourse? Pas tant que ça en fait. Car les marges des grands distributeurs est, en Suisse, de plus de 30%, soit bien plus que dans le reste de l'Europe. On comprend mieux l'intérêt des enseignes étrangères qui voudraient croquer un bon morceau du gâteau helvétique... Les prix payés aux producteurs sont de plus en plus bas, en particulier pour la filière du lait, mais cette baisse ne se répercute pas entièrement sur les prix payés à la caisse. La différence reste dans la poche des distributeurs, qui se permettent juste de faire des promotions épisodiques et ... anecdotiques.

Cette situation pousse de nombreuses familles à se rendre en France, en Italie et en Allemagne voisines pour faire leurs courses. Ce tourisme d'achat n'aurait pas pris une telle ampleur si la différence de prix n'était pas aussi criante.

Au final, les producteurs et les paysans suisses tirent toujours la langue.

C'est donc un acte de civisme que de bouder ces enseignes qui mangent à tous les rateliers et prennent les consommateurs pour des poires, pour leur plus grand (et unique) profit.

Les supermarchés prennent leurs clients pour des poires...


Cela ne vous gêne pas de jouer désormais à la caissière en scannant vos achats touts seuls à des caisses automatiques? Pas l'ombre d'un avantage financier sur les produits pour les consommateurs, et pourtant, la grande surface économise un sacré nombre de salaires ainsi. Cela irait plus vite, il paraît. On attendrait moins en caisse. Ouais... Que vaut un emploi peu qualifié ? Vous préférez payer plus de cotisations de chômage pour bénéficier de ce "progrès"?

On nous prend pour des poires... J'exagère? Pas tant que ça: intéressée à réduire mes déchets, j'ai commencé à ne plus prendre de sachets en plastique pour emballer mes légumes et mes fruits. Puis j'ai amené mes boîtes hermétiques pour le poisson (pour la viande, heureusement, la boucherie du village était là. Hélas, elle a fermé à la fin de l'année passée). Au début, les vendeurs et vendeuses me disaient: non, on ne peut pas, c'est une question d'hygiène! Quelques précisions plus tard, de la part de la presse, de la FRC notamment, il s'avère que c'était du flan! La législation suisse ne prévoit rien du tout sur ce thème, heureusement.

Autre exemple: la Coop, qui se vante de son engagement en faveur de son assortiment bio à tout bout de champ (un choix très intéressé car c'est un segment très rentable, soi dit en passant!), qui se targue de mettre les espèces traditionnelles au goût du jour (Pro Specie Rara) et en même temps, se permet d'importer des fraises en janvier. Seul compte le porte-monnaie. Si ce n'est pas prendre les consommateurs pour des poires...

Dans les petits commerces, jamais je n'ai eu un problème à demander de remplir mes propres contenants. Jamais! Et en prime, on échange sourires et gentillesses, ce qui fait le sel de la vie, non? Dans les petits commerces bio, comme chez les Gfeller à Sedeille, on a affaire à des gens véritablement engagés en faveur de la nature et de la durabilité, convaincus du bienfondé de leur choix.

Je n'ai pas les moyens d'aller dans les petits commerces...


Ah oui, vraiment ? Mais là, je pose la question qui fâche : combien dépense-t-on pour son téléphone portable chaque mois ? Pour ses loisirs et ses vacances ? Pour ses produits cosmétiques, son parfum ? Et pour tous ces produits de nettoyage complètement inutiles qui coûtent très cher ?

Ces exemples sont assez parlants. Le magazine Migros donne la parole à des personnes aux situations très diverses, mais une constante demeure: les achats alimentaires représentent plus ou moins toujours 600.-, que le revenu soit de moins de 2500.- ou qu'il dépasse les 15'000.-. Le budget alimentaire représente entre 3,8 % et 30%, le plus souvent moins de 10% en moyenne. Ce que confirme l'Office fédéral de la statistique avec son enquête sur le budget des ménages.

Statistique suisse sur le budget des ménages, 2014. OFS, Neuchâtel.

Pourquoi la nourriture, qui est ce qui nous fait vivre et nous maintient en bonne santé, devrait être le seul poste compressible à l'envi? Comment expliquer que ce poste est passé de 60% du budget du ménage au début du 20ème siècle à parfois moins de 10% aujourd'hui ? Où filent dont les autres pourcentages, quand on a retranché le loyer et la caisse maladie ?

Bien sûr, je sais que 250'000 personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté dans notre cher pays riche. Je suis consciente que chaque franc compte pour certaines familles. Mais de l'avis de ceux et celles qui ont opté pour les courses dans les petits commerces, les dépenses du ménage ne sont pas plus importantes quand on privilégie les petits commerces, bien au contraire. Dans un commerce à taille humaine, on n'achète naturellement que ce dont on a besoin, sans être tentés par de fausses promos et des produits dont on pourrait se passer. Mais bien sûr, inutile de rêver à du filet de boeuf (importé d'Amérique du sud, dont on ne sait rien sur les méthodes de production) à moins de 60 francs le kilo...

J'espère vous avoir conduit sur le chemin de la réflexion et de l'action! Notre plus grande force, c'est notre porte-monnaie! Testez vos réflexes de consommateurs en février, engagez-vous dans le défi de ne pas aller au supermarché durant un mois! Chercher des alternatives est assez rigolo et très peu onéreux...

Cela fera peut-être l'objet d'un autre article...!

Bon février à tous!

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